Les fassenottes ou valentines

Fassenottes… Voici un mot que j’avais découvert il y a plusieurs années en feuilletant les registres de la paroisse de Luttange. Cet article est un ancien article que j’avais publié en 2013 et que j’ai mis à jour dans le cadre du mois Généatech.

Une feuille intercalaire particulièrement intéressante

Une grande partie de mes ancêtres sont originaires de la paroisse de Luttange. Ainsi, j’avais dès les début de mes recherches généalogiques, parcouru en long et en large les registres numérisés et mis en ligne sur le site des archives départementales de la Moselle.

C’est dans les registres de la période 1731-1749 que j’ai fait cette découverte. Inséré entre deux cahiers, sous forme d’intercalaire, j’ai pu retrouver un texte émanant de l’évêque de Metz, et écrit par le Sieur Henweiller, curé de Hestroff. Il décrit les travaux à effectuer dans l’église de Luttange ainsi que quelques prescriptions destinées aux paroissiens et paroissiennes.

Extrait des registres paroissiaux de la paroisse de Luttange (AD57 – 9NUM/431ED1E3). Reconstitution à partir des vues 21 et 40.

Procès verbal de visite de l’eglise paroissiale de Luttange faite le 14 mars dernier par le Sieur Henweiller Curé de Hestroff archipretre de Kédange nous avons ordonné que l’on fera des degrés plus larges pour monter au grand autel. Qu’on fera mettre dans la nouvelle sacristie une table commode ou le pretre puisse prendre les habits[…]L’autel qui est sous l’invocation de st-nicolas et d’une manière proportionée a celui qui est sous celle de la ste Vierge que L’on fera aggrandir les deux jours de la nef vers la porte de part et d’autre que les susdits reparations et fournitures se feront incessamment et sans delay sous peine d’interdiction de ladite eglise. Au surplus nous continuons a deffendre Les danses publiques melées des deux sexes, la publication des valentines ou fassenottes, les creignes ou veillées nocturnes ou les garçons et les filles s’assemblent. Donné à Metz en notre Palais Episcopal le 28 avril 1731.

On retrouve ce même texte dans une ordonnance de M. de Saint-Simon, évêque de Metz, dans le cadre de la prescription de l’agrandissement de l’église paroissiale de Thionville en 1737 (Histoire de Thionville, de Guillaume Ferdinand Teissier).

Extrait de l’Histoire de Thionville (Tessier, 1828)

Que sont les fassenottes ?

Les Fassenottes ou Valentines de déroulaient le dimanche des Brandons (premier dimanche de Carême). Il était ainsi de tradition de regrouper les jeunes garçons et jeunes filles pour les assembler en couples. Cette fête était l’occasion de danser de chanter. Sans doute, était-ce un prélude à quelques amourettes ou véritables histoires se terminant par un mariage… Nul doute que le clergé devait voir d’un mauvais œil cette tradition où l’on favorisait la création de couples, les danses entre garçons et fille… voire plus si affinité. C’est ainsi que l’évêque de Metz, Monseigneur de Coislin, rendit une ordonnance visant à interdire les fassenottes (Académie nationale de Metz, 1933).

Il est toujours intéressant de retrouver ces témoignages qui nous rappellent que finalement, nos aïeux trouvaient l’occasion de se divertir et de s’amuser. Ces pratiques faisaient partie de la vie sociale villageoise et l’Eglise ne parvint finalement pas à les éliminer

Sources :

  • Académie nationale de Metz, 1933. Mémoires de l’Académie nationale de Metz. 64ème année, 8ème série, Tome XIV. 302p. [En ligne]
  • Lebrun François, 1976. Le « Traité des Superstitions » de Jean-Baptiste Thiers. Contribution à l’ethnographie de la France du XVIIe siècle. Annales de Bretagne et des pays de l’Ouest, année 1976,  83-3, pp. 443-465. [En ligne]
  • Registres paroissiaux de Luttange, Registres BMS (1731-1739). Archives départementales de la Moselle, Cote 9NUM/431ED1E3
  • Société d’Histoire du Pays Naborien. L’archiprêtré de Saint-Avold au XVIIIème siècle[En ligne].
  • Tessier Guillaume Ferdinand, 1828. L’Histoire de Thionville. Verronnais, imprimeur-libraire-éditeur. Metz.

Image mise en avant : La danse sous les arbres de Claude Lorrain (1600-1682). Source : Limédia Galerie.

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